Le gaspillage des médicaments constitue un enjeu critique pour le secteur de la santé, tant sur le plan économique qu’environnemental. En France, ce gaspillage engendre des pertes financières considérables, estimées à 123 millions d’euros par mois. Face à ces chiffres alarmants, il devient essentiel d'adopter des stratégies pour limiter le gaspillage, tant pour réduire l'impact environnemental que pour optimiser l'utilisation des ressources de santé.
Gaspillage de médicaments : un problème d’ampleur en France
Pourquoi un accès facilité aux médicaments engendre-t-il du gaspillage ?
La France a opté pour un système de santé garantissant une qualité élevée de soins, en facilitant l'accès aux médicaments tout en imposant des contrôles stricts. Ce choix permet aux Français d'obtenir leurs traitements sans avancer de frais. Pour réduire les coûts et sécuriser la conservation des médicaments, il a été nécessaire d’industrialiser la production et délivrer des boîtes de plusieurs médicaments.
Gaspillage lié aux traitements chroniques
Il est d’usage que les boîtes correspondent à une posologie en France. Les boîtes de médicaments pour les traitements chroniques contiennent souvent 28 comprimés, ce qui correspond à 4 semaines de traitement. Par exemple, l’amoxicilline est délivrée en boîte de 14 comprimés car la posologie usuelle est souvent de 2 comprimés par jour pendant 7 jours soit 14 comprimés.
Cependant, les recommandations en santé évoluent avec le temps : dans le cas de l’amoxicilline, autrefois basée sur une dose de 14 comprimés, la posologie est souvent réduite à 1 comprimé 2 fois par jour pendant 6 jours soit 12 comprimés. Cela laisse donc 2 comprimés inutilisés dans le cas où les patients vont jusqu’au bout des traitements, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas.
Aujourd’hui, pour les traitements chroniques, les boîtes peuvent varier entre 28 jours et 30 jours de traitement aujourd’hui. Outre la complexité des renouvellements avec des restes variables, c’est surtout lorsqu’un médicament change qu’il va y avoir du gaspillage…
Surconsommation et stockage en automédication
Lorsqu’un patient consulte un médecin pour une douleur, celui-ci prescrit un médicament pour une durée qu’il estime suffisante. En automédication, le patient va estimer la durée d’un traitement symptomatique. En réalité, nous surestimons tous pour être sûr de ne pas manquer. C’est ainsi que nos armoires se remplissent de médicaments peu utilisés et que le gaspillage de médicaments arrive vite.
Un risque pour la santé et l’environnement
Avoir des médicaments à usage courant dans son armoire à pharmacie est nécessaire pour pallier aux petits maux du quotidien (désinfection, antalgie, digestifs, oculaire, ..). Cependant, avec le temps qui passe, les dates de péremption finissent par être dépassées. Consommer un médicament périmé présente le risque d’être moins efficace et de créer des composés toxiques. Il est donc déconseillé de consommer un médicament périmé.
Trop souvent, ces médicaments sont rejetés dans les déchets généraux, alors qu’ils ne peuvent malheureusement pas être traités par les stations d’épuration et des actifs se retrouvent dans l’eau que nous consommons. Ainsi, pour protéger votre santé et votre environnement, il est préférable de rapporter vos déchets médicamenteux en pharmacie, où ils seront recyclés par le dispositif Cyclamed. Ce processus assure une destruction sans risque écologique, sans risque pour la santé et permet également de générer de l’énergie qui sera réutilisée pour le chauffage domestique ! Cyclamed recycle les médicaments et non les emballages cartonnés. Pensez à les séparer et à les mettre dans vos déchets recyclables traditionnels.
Lutte contre le gaspillage
Pour réduire le gaspillage médicamenteux, le gouvernement a instauré la loi AGEC (Anti-Gaspillage et Économie Circulaire), en vigueur depuis le 1er janvier 2022. Cette loi permet aux pharmaciens de délivrer certains médicaments à l’unité, afin de limiter les surplus non utilisés.
Cependant, cette démarche, bien qu’écologique, n’est pas toujours perçue comme économique ni pleinement adoptée par tous les pharmaciens. La gestion à l’unité entraîne des contraintes logistiques et des coûts supplémentaires pour les officines, ce qui peut freiner son application. Ce sont aussi des risques liés à la confusion entre traitements et à une durée de vie des médicaments moins longue. De plus, certains patients restent attachés aux formats classiques, ce qui nécessite un travail de sensibilisation. Cette solution, si elle se limite à quelques traitements, ne sera qu’une solution réduite au gaspillage.
Adopter de meilleures pratiques au quotidien
Pour réduire le gaspillage des médicaments, il est essentiel d'adopter des habitudes simples mais efficaces.
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Ramener les médicaments non utilisés (MNU) ou périmés à la pharmacie : ne jetez jamais vos médicaments à la poubelle. Les pharmacies disposent de systèmes pour récupérer et traiter les médicaments, réduisant ainsi les risques environnementaux.
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Ne stocker que des médicaments que vous connaissez et que vous utiliserez en automédication : moins risqué pour votre famille et moins de risques de doublons.
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Vérifier régulièrement les dates de péremption : prenez l'habitude de contrôler les dates de vos médicaments pour vous assurer qu'ils sont toujours utilisables. Cela permet d'éviter l'accumulation de produits périmés.
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Si vous prenez des traitements quotidiennement, ne demandez que ce qui est nécessaire chaque mois à votre pharmacien.
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Suivre scrupuleusement vos traitements jusqu'à la fin : ne coupez pas un traitement avant son terme, même si vous vous sentez mieux. Une interruption prématurée sans l’avis de votre pharmacien ou médecin peut non seulement affecter votre santé, mais aussi contribuer au gaspillage de médicaments.